À G. de Chirico. J'ai bâti une maison au milieu de l'Océan Ses fenêtres sont les fleuves qui s'écoulent de mes yeux Des poulpes grouillent partout où se tiennent les murailles Entendez battre leur triple cur et leur bec cogner aux vitres Maison humide Maison ardente Saison rapide Saison qui chante Les avions pondent des ufs Attention on va jeter l'ancre Attention à l'encre que l'on jette Il serait bon que vous vinssiez du ciel Le chèvrefeuille du ciel grimpe Les poulpes terrestres palpitent Et puis nous sommes tant et tant à être nos propres fossoyeurs Pâles poulpes des vagues crayeuses ô poulpes aux becs pâles Autour de la maison il y a cet océan que tu connais Et qui ne se repose jamais Guillaume Apollinaire(1880 - 1918) Poèmes de Guillaume Apollinaire |