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Simultanéités

    Les canons tonnent dans la nuit
    On dirait des vagues tempête
    Des cœurs où pointe un grand ennui
    Ennui qui toujours se répète

    Il regarde venir là-bas
    Les prisonniers L'heure est si douce
    Dans ce grand bruit ouaté très bas
    Très bas qui grandit sans secousse

    Il tient son casque dans ses mains
    Pour saluer la souvenance
    Des lys des roses des jasmins
    Éclos dans les jardins de France

    Et sous la cagoule masqué
    Il pense à des cheveux si sombres
    Mais qui donc l'attend sur le quai
    Ô vaste mer aux mauves ombres

    Belles noix du vivant noyer
    La grand folie en vain vous gaule
    Brunette écoute gazouiller
    La mésange sur ton épaule

    Notre amour est une lueur
    Qu'un projecteur du cœur dirige
    Vers l'ardeur égale du cœur
    Qui sur le haut Phare s'érige

    Ô phare-fleur mes souvenirs
    Les cheveux noirs de Madeleine
    Les atroces lueurs des tirs
    Ajoutent leur clarté soudaine
    À tes beaux yeux ô Madeleine

Guillaume Apollinaire(1880 - 1918)

Poèmes de Guillaume Apollinaire