poesie Suivez-vous sur Twitter : Facebook :

poeme

 

III- Le Fou
Un carolus, ou bien encor, 
Si l'aimez mieux, un agneau d'or. 
Manuscrits de la Bibliothèque du roi. 
La lune peignait ses cheveux avec un démêloir d'ébène qui argentait 
d'une pluie de vers luisants les collines, les prés et les bois. 

* * 



Scarbo, gnome dont les trésors foisonnent, vannait sur mon toit, au cri 
de la girouette, ducats et florins qui sautaient en cadence, les pièces 
fausses jonchant la rue. 



Comme ricana le fou qui vague, chaque nuit, par la cité déserte, un 
oeil à la lune et l'autre - crevé! 



- « Foin de la lune! grommela-t-il, ramassant les jetons du diable, 
j'achèterai le pilori pour m'y chauffer au soleil! » 


* * 



Mais c'était toujours la lune, la lune qui se couchait, - et Scarbo 
monnayait sourdement dans ma cave ducats et florins à coups de 
balancier. 



Tandis que, les deux cornes en avant, un limaçon qu'avait égaré la nuit 
cherchait sa route sur mes vitraux lumineux.

Aloysius Bertrand

Poèmes de Aloysius Bertrand