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V- Le Clair de Lune
Réveillez-vous, gens qui dormez, 
Et priez pour les trépassés. 
Le cri du crieur de nuit. 
Oh! qu'il est doux, quand l'heure tremble au clocher, de regarder la 
lune qui a le nez fait comme un carolus d'or! 

* * 



Deux ladres se lamentaient sous ma fenêtre, un chien hurlait dans le 
carrefour, et le grillon de mon foyer vaticinait tout bas. 



Mais bientôt mon oreille n'interrogea plus qu'un silence profond. Les 
lépreux étaient rentrés dans leur chenil, aux coups de Jacquemart qui 
battait sa femme. 



Le chien avait enfilé une venelle, devant les pertuisanes du guet 
enrouillé par la pluie et morfondu par la bise. 



Et le grillon s'était endormi, dès que la dernière bluette avait éteint 
sa dernière lueur dans la cendre de la cheminée. 



Et moi, il me semblait, - tant la fièvre est incohérente, - que la 
lune, grimant sa face, me tirait la langue comme un pendu!

Aloysius Bertrand

Poèmes de Aloysius Bertrand