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À la promenade

    Le ciel si pâle et les arbres si grêles
    Semblent sourire à nos costumes clairs
    Qui vont flottant légers, avec des airs
    De nonchalance et des mouvements d'ailes.

    Et le vent doux ride l'humble bassin,
    Et la lueur du soleil qu'atténue
    L'ombre des bas tilleuls de l'avenue
    Nous parvient bleue et mourante à dessein.

    Trompeurs exquis et coquettes charmantes,
    Cœurs tendres, mais affranchis du serment,
    Nous devisons délicieusement,
    Et les amants lutinent les amantes,

    De qui la main imperceptible sait
    Parfois donner un soufflet, qu'on échange
    Contre un baiser sur l'extrême phalange
    Du petit doigt, et comme la chose est

    Immensément excessive et farouche,
    On est puni par un regard très sec,
    Lequel contraste, au demeurant, avec
    La moue assez clémente de la bouche.

Paul Verlaine

Poèmes de Verlaine