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À Horatio

    Ami, le temps n'est plus des guitares, des plumes,
    Des créanciers, des duels hilares à propos
    De rien, des cabarets, des pipes aux chapeaux
    Et de cette gaîté banale où nous nous plûmes.

    Voici venir, ami très tendre qui t'allumes
    Au moindre dé pipé, mon doux briseur de pots,
    Horatio, terreur et gloire des tripots,
    Cher diseur de jurons à remplir cent volumes,

    Voici venir parmi les brumes d'Elseneur
    Quelque chose de moins plaisant, sur mon honneur,
    Qu'Ophélia, l'enfant aimable qui s'étonne.

    C'est le spectre, le spectre impérieux ! Sa main
    Montre un but et son œil éclaire et son pied tonne,
    Hélas ! et nul moyen de remettre à demain !

Paul Verlaine

Poèmes de Verlaine