poesie Suivez-vous sur Twitter : Facebook :

poeme

Allégorie

    À Jules Valadon

    Despotique, pesant, incolore, l'Été,
    Comme un roi fainéant présidant un supplice,
    S'étire par l'ardeur blanche du ciel complice
    Et bâille. L'homme dort loin du travail quitté.

    L'alouette au matin, lasse n'a pas chanté.
    Pas un nuage, pas un souffle, rien qui plisse
    Ou ride cet azur implacablement lisse
    Où le silence bout dans l'immobilité.

    L'âpre engourdissement a gagné les cigales
    Et sur leur lit étroit de pierres inégales
    Les ruisseaux à moitié taris ne sautent plus.

    Une rotation incessante de moires
    Lumineuses étend ses flux et ses reflux...
    Des guêpes, çà et là, volent, jaunes et noires.

Paul Verlaine

Poèmes de Verlaine