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L'auberge

    À Jean Moréas

    Murs blancs, toit rouge, c'est l'Auberge fraîche au bord
    Du grand chemin poudreux où le pied brûle et saigne,
    L'auberge gaie avec le Bonheur pour enseigne.
    Vin bleu, pain tendre, et pas besoin de passeport.

    Ici l'on fume, ici l'on chante, ici l'on dort.
    L'hôte est un vieux soldat, et l'hôtesse qui peigne
    Et lave dix marmots roses et pleins de teigne
    Parle d'amour, de joie et d'aise, et n'a pas tort !

    La salle au noir plafond de poutres, aux images.
    Violentes, Maleck Adel et les Rois Mages,
    Vous accueille d'un bon parfum de soupe aux choux.

    Entendez-vous ? C'est la marmite qu'accompagne
    L'horloge du tic-tac allègre de son pouls.
    Et la fenêtre s'ouvre au loin sur la campagne.

Paul Verlaine

Poèmes de Verlaine