poesie Suivez-vous sur Twitter : Facebook :

poeme

Sonnet boiteux

    À Ernest Delahaye

    Ah ! vraiment c'est triste, ah ! vraiment ça finit trop mal.
    Il n'est pas permis d'être à ce point infortuné.
    Ah ! vraiment c'est trop la mort du naïf animal
    Qui voit tout son sang couler sous son regard fané.

    Londres fume et crie. Ô quelle ville de la Bible !
    Le gaz flambe et nage et les enseignes sont vermeilles.
    Et les maisons dans leur ratatinement terrible
    Épouvantent comme un sénat de petites vieilles.

    Tout l'affreux passé saute, piaule, miaule et glapit
    Dans le brouillard rose et jaune et sale des sohos
    Avec des indeeds et des all rights et des haos.

    Non vraiment c'est trop un martyre sans espérance,
    Non vraiment cela finit trop mal, vraiment c'est triste :
    Ô le feu du ciel sur cette ville de la Bible !

Paul Verlaine

Poèmes de Verlaine