poesie Suivez-vous sur Twitter : Facebook :

poeme

Nevermore

    Allons, mon pauvre coeur, allons, mon vieux complice,
    Redresse et peins à neuf tous tes arcs triomphaux ;
    Brûle un encens ranci sur tes autels d'or faux ;
    Sème de fleurs les bords béants du précipice ;
    Allons, mon pauvre coeur, allons, mon vieux Complice !

    Pousse à Dieu ton cantique, ô chantre rajeuni ;
    Entonne, orgue enroué, des Te Deum splendides ;
    Vieillard prématuré, mets du fard sur tes rides ;
    Couvre-toi de tapis mordorés, mur jauni ;
    Pousse à Dieu ton cantique, ô chantre rajeuni.

    Sonnez, grelots ; sonnez, clochettes ; sonnez, cloches !
    Car mon rêve impossible a pris corps, et je l'ai
    Entre mes bras pressé : le Bonheur, cet ailé
    Voyageur qui de l'Homme évite les approches,
    - Sonnez, grelots ; sonnez, clochettes ; sonnez, cloches !

    Le Bonheur a marché côte à côte avec moi ;
    Mais la FATALITÉ ne connaît point de trêve :
    Le ver est dans le fruit, le réveil dans le rêve,
    Et le remords est dans l'amour : telle est la loi.
    - Le Bonheur a marché côte à côte avec moi.


Paul Verlaine

Poèmes de Verlaine