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poeme

Promenade sentimentale

    Le couchant dardait ses rayons suprêmes
    Et le vent berçait les nénuphars blêmes ;
    Les grands nénuphars entre les roseaux
    Tristement luisaient sur les calmes eaux.
    Moi j'errais tout seul, promenant ma plaie
    Au long de l'étang, parmi la saulaie
    Où la brume vague évoquait un grand
    Fantôme laiteux se désespérant
    Et pleurant avec la voix des sarcelles
    Qui se rappelaient en battant des ailes
    Parmi la saulaie où j'errais tout seul
    Promenant ma plaie ; et l'épais linceul
    Des ténèbres vint noyer les suprêmes
    Rayons du couchant dans ses ondes blêmes
    Et des nénuphars, parmi les roseaux,
    Des grands nénuphars sur les calmes eaux.

Paul Verlaine

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