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Sagesse I - XIII

    Prince mort en soldat à cause de la France,
    Âme certes élue,
    Fier jeune homme si pur tombé plein d'espérance,
    Je t'aime et te salue !

    Ce monde est si mauvais, notre pauvre patrie
    Va sous tant de ténèbres,
    Vaisseau désemparé dont l'équipage crie
    Avec des voix funèbres,

    Ce siècle est un tel ciel tragique où les naufrages
    Semblent écrits d'avance...
    Ma jeunesse, élevée aux doctrines sauvages,
    Détesta ton enfance.

    Et plus tard, coeur pirate épris des seules côtes
    Où la révolte naisse,
    Mon âge d'homme, noir d'orages et de fautes,
    Abhorrait ta jeunesse.

    Maintenant j'aime Dieu dont l'amour et la foudre
    M'ont fait une âme neuve,
    Et maintenant que mon orgueil réduit en poudre,
    Humble, accepte l'épreuve,

    J'admire ton destin, j'adore, tout en larmes
    Pour les pleurs de ta mère,
    Dieu qui te fit mourir, beau prince, sous les armes,
    Comme un héros d'Homère.

    Et je dis, réservant d'ailleurs mon vœu suprême
    Au lys de Louis Seize :
    Napoléon qui fus digne du diadème,
    Gloire à ta mort française !

    Et priez bien pour nous, pour cette France ancienne,
    Aujourd'hui vraiment " Sire " ,
    Dieu qui vous couronna, sur la terre païenne,
    Bon chrétien, du martyre !

Paul Verlaine

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