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Sagesse I - XV

    On n'offense que Dieu qui seul pardonne. Mais
    On contriste son frère, on l'afflige, on le blesse,
    On fait gronder sa haine ou pleurer sa faiblesse,
    Et c'est un crime affreux qui va troubler la paix
    Des simples, et donner au monde sa pâture,
    Scandale, cœurs perdus, gros mots et rire épais.

    Le plus souvent par un effet de la nature
    Des choses, ce péché trouve son châtiment
    Même ici-bas, féroce et long communément.
    Mais l'Amour tout-puissant donne à la créature
    Le sens de son malheur, qui mène au repentir
    Par une route lente et haute, mais très sûre.

    Alors un grand désir, un seul, vient investir
    Le pénitent, après les premières alarmes,
    Et c'est d'humilier son front devant les larmes
    De naguère, sans rien qui pourrait amortir
    Le coup droit pour l'orgueil, et de rendre les armes
    Comme un soldat vaincu, - triste, de bonne foi.

    Ô ma sœur, qui m'avez puni, pardonnez-moi !

Paul Verlaine

Poèmes de Verlaine