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Sagesse II - IV - V

    - Il faut m'aimer. Je suis ces Fous que tu nommais,
    Je suis l'Adam nouveau qui mange le vieil homme,
    Ta Rome, ton Paris, ta Sparte et ta Sodome,
    Comme un pauvre rué parmi d'horribles mets.

    Mon amour est le feu qui dévore à jamais
    Toute chair insensée, et l'évapore comme
    Un parfum, - et c'est le déluge qui consomme
    En son flot tout mauvais germe que je semais,

    Afin qu'un jour la Croix où je meurs fût dressée
    Et que par un miracle effrayant de bonté
    Je t'eusse un jour à moi, frémissant et dompté.

    Aime. Sors de ta nuit. Aime. C'est ma pensée
    De toute éternité, pauvre âme délaissée,
    Que tu dusses m'aimer, moi seul qui suis resté !

Paul Verlaine

Poèmes de Verlaine