Dans tes yeux miroirs, grand-mère…
Dans tes yeux-miroirs les nuages déjà
Portent les premiers signes de la nuit ;
Les trains de l’autre côté de la vitre,
Avec leur traînée d’argent et de feu
Sont comme des étoiles filantes.
Ah ! Pouvoir encore un peu,
Accrocher des rayons d’autres jours ;
Tout n’a pas été dit.
Il suffirait d'un presque rien,
Juste un peu de temps…
Le temps qui n’est rien qu’illusion.
L’obscurité connaît son triomphe
Sur nos prières, misérables autels d’égoïsme.
Déjà le jour n’est plus qu’un souvenir.
Dans tes yeux-miroirs, encore ajouter
Quelques rires et quelques fleurs
Pour un tableau du bonheur
Qui s’estompe soudain.
Au fond des tes prunelles argentines.
Ton regard, d’hier, porte nos amours
Plus loin que l’horizon menteur.
Un sourire mystérieux naît tout à coup,
ne s’abusant pas de nos espoirs superflus.
Toi, tu sais déjà la paix qui t’attend.
Déjà le jour n’est plus que souvenir.
Dans tes yeux-miroirs, des anges blancs
Effacent les souffrances de la chaire.
Ah ! Pourquoi les fermes-tu déjà ?
Pourquoi ne nous laisses-tu pas
Contempler encore le ciel de nos vies
Pour y déposer des fleurs de printemps !
La nuit pressée tout à coup,
Comme un cheval au galop,
Avançant en aveugle, pour nous tombe trop tôt .
Déjà notre jour n’est que souvenir ….
Dans tes grands yeux-miroirs, grand-mère !
Arwen Gernak
Le passage obligé
16-04-07
J'ai perdu ma grand-mère la veille de cet écrit. Je garde intact en ma mémoire le regard qu'elle avait. Ses yeux qui ne sont déjà plus de notre monde et qui vaguent on ne sait où. Je n'oublierai jamais ce regard, ce regard encore là mais tellement absent déjà.
Ma douleur aussi est intacte, comme alors.