Louis

Il était lorrain
Enfanté de l'acier
Grand, cheveux châtains
Des yeux gris délavés
Briser la machine
Pour rester digne
Briser le sort
Se battre encore
Rouge était sa foi
Forgée dans l'espérance
D'un âge d'or presque là
D'une future abondance

Monde de brumes et de fer
Cathédrales d'acier
Royaume prolétaire
Chaleur des amitiés
Unie était la classe
Pensait-il, soudée
Rien n'entraverait les masses
Leur soif de liberté
Camarades, pas de drame
S'il le faut sur le front
Nous baisserons nos armes
Et nous nous étreindrons
Des deux côtés du Rhin
Un même peuple ouvrier
Bientôt refuserait
Ce funeste destin

Il y croyait si fort
Il se trouva trahi
Cruelle pulsion de mort
Déprimant halali
Captivité blessante
Travailler pour l'ennemi
Détention affligeante
Coeur de la Silésie

Mais évasion
Mais Libération
La vie reprend son cours
Le retour des beaux jours

Nouvelles déceptions
Domestiques trahisons
Déraison conjuguale
Dictature familiale
Lourde passivité
Femme et fils aliénés
Délinquance, déshonneur
Commencent de sombres heures
Progressive déraison
Mal noir sans rémission
Souvenirs de violence
Enfin le grand silence


A mon grand-père ....