Et voilà une nouvelle année qui commence, riche virtuellement d'espoirs et de bonheur, avec des projets plein la tête! C'est
toujours ce qu'on se dit au seuil des temps nouveaux mais ensuite que se passe-t-il ? Arrivons-nous à maintenir dans le déroulement
des jours ce que nous avions pris résolument en souhaits ? La roue agendaire poursuit sa route, les éphémérides s'envolent sous le
souffle de l'Histoire, les amours s'enfuient vers des îles lointaines, parées de luxe, de volupté et de rêves tenaces. Mais les poètes
sont au monde, selon le constat lucide de Rimbaud et le monde n'est pas adapté aux poètes, pour les poètes. Tout au contraire, un
parfum délétère, une mornitude d'action, un quotidien gris se diffusent dans notre espace. Quand on lève les yeux vers le ciel pour
regarder fuser les nuages ou encore ces nuées d'oiseaux qui attendent le printemps pour nicher dans des criques et près des étangs,
on voit aussi passer des Fuga Magister relookés, prêts à foncer sur telle ou telle cible, à larguer des missiles, à réduire à ruines et
silence ce qui était avant joie de vivre, échanges, babillements fraternels, beauté d'ordinaire avec extra, ce qui était un groupe, une
communauté, un aéropage, une chapelle, une phalanstère. Et quand on regarde une carte de voeux à la colombe, on s'aperçoit que
le rameau d'olivier a disparu de la version contemporaine. Et quand on lit le journal régional préféré - mais il demeure si peu de
titres - on tombe régulièrement sur tel ou tel conflit séculaire, comme si l'obstination guerrière devait définitivement l'emporter sur
le charme des asphodèles et des micocouliers ! Et pourtant nous étions persuadés que l'année serait belle, que nos voeux les plus
intimes seraient exaucés par un miracle inattendu... Quelle foi inutile ! Quelle croyance irraisonnée ! Quels espoirs broyés ! Mais ce
n'est encore que "le temps des étrennes" et la perspective d'être gonflés d'espérance demeure le leurre qui nous fait avancer avec
résignation, en rechignant, en maugréant. Et pourtant il faut bien avancer, surtout au seuil de cet an neuf dont on croit intimement
qu'il se réalisera en prospérité et en amour !
toujours ce qu'on se dit au seuil des temps nouveaux mais ensuite que se passe-t-il ? Arrivons-nous à maintenir dans le déroulement
des jours ce que nous avions pris résolument en souhaits ? La roue agendaire poursuit sa route, les éphémérides s'envolent sous le
souffle de l'Histoire, les amours s'enfuient vers des îles lointaines, parées de luxe, de volupté et de rêves tenaces. Mais les poètes
sont au monde, selon le constat lucide de Rimbaud et le monde n'est pas adapté aux poètes, pour les poètes. Tout au contraire, un
parfum délétère, une mornitude d'action, un quotidien gris se diffusent dans notre espace. Quand on lève les yeux vers le ciel pour
regarder fuser les nuages ou encore ces nuées d'oiseaux qui attendent le printemps pour nicher dans des criques et près des étangs,
on voit aussi passer des Fuga Magister relookés, prêts à foncer sur telle ou telle cible, à larguer des missiles, à réduire à ruines et
silence ce qui était avant joie de vivre, échanges, babillements fraternels, beauté d'ordinaire avec extra, ce qui était un groupe, une
communauté, un aéropage, une chapelle, une phalanstère. Et quand on regarde une carte de voeux à la colombe, on s'aperçoit que
le rameau d'olivier a disparu de la version contemporaine. Et quand on lit le journal régional préféré - mais il demeure si peu de
titres - on tombe régulièrement sur tel ou tel conflit séculaire, comme si l'obstination guerrière devait définitivement l'emporter sur
le charme des asphodèles et des micocouliers ! Et pourtant nous étions persuadés que l'année serait belle, que nos voeux les plus
intimes seraient exaucés par un miracle inattendu... Quelle foi inutile ! Quelle croyance irraisonnée ! Quels espoirs broyés ! Mais ce
n'est encore que "le temps des étrennes" et la perspective d'être gonflés d'espérance demeure le leurre qui nous fait avancer avec
résignation, en rechignant, en maugréant. Et pourtant il faut bien avancer, surtout au seuil de cet an neuf dont on croit intimement
qu'il se réalisera en prospérité et en amour !