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Journal d'un con

Posté par Moriarty, 15 décembre 2008 · 579 visite(s)


Les mots coulent inlassablement, chaque fois autrement mêlés mais chantant toujours la même chanson. Nous sommes là à dire la vie, comme les jeunes mariés, pour le pire et le meilleur. Souvent le pire semble meilleur. Ca ne paie pas le bonheur. Il n'emporte pas les âmes jusqu'au bord des larmes. Et qaund ils ne sont pas occupés à rire ou à regarder, les yeux aiment pleurer.
Les tiens étaient mes rivières amères et pourtant tu le sais, je les aimais. Tu traînais tes souffrances de jour en nuit et de nuit en nuit. J'aurais voulu prendre tes peines, je t'en ai données. Aujourd'hui, ton absence absolue me ronge. Tu ne sauras jamais combien il est dur de ne pas avoir de nouvelles de ceux qui nous furent tendres et chers. Je n'ai jamais pu dire les mots que tu attendais; je ne pouvais pas crois-moi. Ils flottaient à la source de ma gorge mais il est des eaux qui refusent de jaillir et restent enfouies à jamais. Ainsi, je me taris, lentement. Ma force s'éteint.
Je vais de bras en bras mais aucune ne me retient. Je te cherche, jamais ne te retrouve. Chaque amour est unique et le plus grand est pire encore.

Si je pouvais hurler, je te donnerais mon cri, ton cri attendu. Mais comme tes gorges muettes, la mienne aussi se tait.
Je t'aime, je te l'écris....il est trop tard. Et je cours derrière ton ombre. Ces miettes me suffisent. Le corps peut asouvir ses désirs, l'âme garde ses manques. Tu es ma came comme ils disent et le sevrage se passe mal.
Candide, tu es si belle. Tu est trop belle pour ma lâcheté.



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Pascal Quignard - Abîmes


ABÎMES
CHAPITRE XXXIV


urieusement je n'avais jamais regretté un monde. Je n'ai jamais ressenti le désir de vivre dans une époque qui fût ancienne. Je ne puis me désancrer des possibilités actuelles d'inventaire, de disponibilité livresque, d'idéal fracassé, de la sédimentation de l'horreur, de cruauté érudite, de recherche, de science, de lucidité, de clarté.
Jamais le spectacle de la nature sur la terre, étant devenu si rare, n'a été si poignant.
Jamais les langues naturelles ne furent à ce point dévoilées à elles-mêmes dans leur substance involontaire.
Jamais le passé n'a été aussi grand et la lumière plus profonde, plus glaçante. Une lumière de montagne ou d'abîme. Jamais le relief ne fut plus accusé.

La dictée de Mérimée

Pour parler sans ambiguïté, ce dîner à Sainte-Adresse, près du Havre, malgré les effluves embaumés de la mer, malgré les vins de très bons crus, les cuisseaux de veau et les cuissots de chevreuil prodigués par l'amphitryon, fut un vrai guêpier.

Quelles que soient et quelqu'exiguës qu'aient pu paraître, à côté de la somme due, les arrhes qu'étaient censés avoir données la douairière et le marguillier, il était infâme d'en vouloir pour cela à ces fusiliers jumeaux et mal bâtis et de leur infliger une raclée alors qu'ils ne songeaient qu'à prendre des rafraîchissements avec leurs coreligionnaires.

Quoi qu'il en soit, c'est bien à tort que la douairière, par un contresens exorbitant, s'est laissé entraîner à prendre un râteau et qu'elle s'est crue obligée de frapper l'exigeant marguillier sur son omoplate vieillie. Deux alvéoles furent brisés, une dysenterie se déclara, suivie d'une phtisie.

- Par saint Martin, quelle hémorragie, s'écria ce bélître ! À cet événement, saisissant son goupillon, ridicule excédent de bagage, il la poursuivit dans l'église tout entière.

Les pas - Paul Valéry



Les pas



Tes pas, enfants de mon silence,
Saintement, lentement placés,
Vers le lit de ma vigilance
Procèdent muets et glacés.

Personne pure, ombre divine,
Qu'ils sont doux, tes pas retenus !
Dieux !... tous les dons que je devine
Viennent à moi sur ces pieds nus !


Si, de tes lèvres avancées,
Tu prépares pour l'apaiser,
A l'habitant de mes pensées
La nourriture d'un baiser,


Ne hâte pas cet acte tendre,
Douceur d'être et de n'être pas,
Car j'ai vécu de vous attendre,
Et mon coeur n'était que vos pas.
Paul Valéry
Extrait de
Poésies - Charmes
éd. Poésie/Gallimard