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Jounal d'un con (2)

Posté par Moriarty, 15 décembre 2008 · 547 visite(s)

Je m'abrutis en galvaudant mon argent dans le jeu. Plus je perds, plus je joue. Je ne désire même pas gagner, non, uniquement jouer. Le jeu prend l'esprit. Et l'esprit pris ne pense plus. Je suis entré dans le troupeau depuis qu'Elle eset partie. 'Un seul être vous manque...............' versait Lamartine. Tout le monde se peuple de sombres souvennirs. Elle est trop belle pour toi, hein Jacques ! Ben elle l'est aussi pour moi.
Ô inconnu, si tu la rencontres, fuis loin, très loin. N'écoute pas la plainte qui monte, stridente et qui te fendra l'âme. Fuis comme on fuit le chant des sirènes.
Aujourd'hui, je marchais en ville. De temps à autre, je sentais mon très long manteau toucher des corps chauds. Etrange sensation que celle d'imaginer sans avoir vu, ce que ce contact aurait pu provoquer. Les yeux baissés sur les pavés du troittoirs, j'ai admiré de belles jambes moulées dans des bas noir. Pourtant aucune cheville n'égalait la sienne. Aucune n'avait ce galbe, cet élan vers le ciel.
Ô femme, qu'as-tu donc fait de moi ? Tu m'as ôté les papilles, arraché les yeux, obturer le nez, tailladé les nerfs de ma peau et emporté mes deux tympans.
Cruelle autant que belle, tu m'as tué un jour d'été. Je me souviens de ta robe volant tandis que tu te balançais au gré de tes envies. Femme, tu es le pire meurtrier que je connaisse et moi masochiste je ne cesse de te chercher.
Dieu ou Satan prend mon âme que je ne puisse plus la perdre, plus jamais. Jamais sauf si c'est ELLE qui revient, avec son rire innocent, avec ses yeux aguicheurs et son corps beau à damner les saints.




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Pascal Quignard - Abîmes


ABÎMES
CHAPITRE XXXIV


urieusement je n'avais jamais regretté un monde. Je n'ai jamais ressenti le désir de vivre dans une époque qui fût ancienne. Je ne puis me désancrer des possibilités actuelles d'inventaire, de disponibilité livresque, d'idéal fracassé, de la sédimentation de l'horreur, de cruauté érudite, de recherche, de science, de lucidité, de clarté.
Jamais le spectacle de la nature sur la terre, étant devenu si rare, n'a été si poignant.
Jamais les langues naturelles ne furent à ce point dévoilées à elles-mêmes dans leur substance involontaire.
Jamais le passé n'a été aussi grand et la lumière plus profonde, plus glaçante. Une lumière de montagne ou d'abîme. Jamais le relief ne fut plus accusé.

La dictée de Mérimée

Pour parler sans ambiguïté, ce dîner à Sainte-Adresse, près du Havre, malgré les effluves embaumés de la mer, malgré les vins de très bons crus, les cuisseaux de veau et les cuissots de chevreuil prodigués par l'amphitryon, fut un vrai guêpier.

Quelles que soient et quelqu'exiguës qu'aient pu paraître, à côté de la somme due, les arrhes qu'étaient censés avoir données la douairière et le marguillier, il était infâme d'en vouloir pour cela à ces fusiliers jumeaux et mal bâtis et de leur infliger une raclée alors qu'ils ne songeaient qu'à prendre des rafraîchissements avec leurs coreligionnaires.

Quoi qu'il en soit, c'est bien à tort que la douairière, par un contresens exorbitant, s'est laissé entraîner à prendre un râteau et qu'elle s'est crue obligée de frapper l'exigeant marguillier sur son omoplate vieillie. Deux alvéoles furent brisés, une dysenterie se déclara, suivie d'une phtisie.

- Par saint Martin, quelle hémorragie, s'écria ce bélître ! À cet événement, saisissant son goupillon, ridicule excédent de bagage, il la poursuivit dans l'église tout entière.

Les pas - Paul Valéry



Les pas



Tes pas, enfants de mon silence,
Saintement, lentement placés,
Vers le lit de ma vigilance
Procèdent muets et glacés.

Personne pure, ombre divine,
Qu'ils sont doux, tes pas retenus !
Dieux !... tous les dons que je devine
Viennent à moi sur ces pieds nus !


Si, de tes lèvres avancées,
Tu prépares pour l'apaiser,
A l'habitant de mes pensées
La nourriture d'un baiser,


Ne hâte pas cet acte tendre,
Douceur d'être et de n'être pas,
Car j'ai vécu de vous attendre,
Et mon coeur n'était que vos pas.
Paul Valéry
Extrait de
Poésies - Charmes
éd. Poésie/Gallimard