Un manège
Chevaux de bois
Au parc Borély
en plein cagnard
tes yeux pleins d'étoiles
Place Daumesnil
Dimanche de marché
Sur l'étalage printanier
Les fruits de Mireille
éclatent au soleil
Sur le comptoir
Un petit sauvignon
Avant la tempête
et la dernière cigarette
Clos des tulipes
Une rose à la main
Ton sourire dans la nuit
Sur l'écran
Cinéma de l'océan
Vogue la galère
dans les yeux bleus
de Michèle Morgan
Ces visages de filles
Doux et lointains
Poupées en porcelaine
Rue de Siam
La nuit tombe
sur le cimetière au Père-Lachaise
La fleuriste ferme ses portes
Vétue de son chandail bouton-d'or
Rue quincampoix
Une passante du soir
prend la relève
en oscillant des hanches
Sa cigarette
Brûle mes lèvres
Talons plats
dans son jeans magnétique
sous l'acacia géant
une jeune fille ouvre un livre
Matin d'automne
Son vieux cartable à la main
Une paire de chaussures
Un parapluie
et un bouquet d'immortelles
Dans sa salopette bleue
un cheminot
tout à son plat de lentilles
Rue du Charolais
Chez Jean l'auvergnat
Les rires de mon frère
sous un soleil de plomb
Les pieds dans la fontaine aux abeilles
en plein mois d'août
à Saint-Maximin
La gorgée de rosé limonade
à la fraîcheur du grand marronnier
entre deux rangs de pommes de terre
Midi tapante
Marseille
Rue Tubano
près du vieux port
passent les marins
et les filles en galère
Mon pote de patronage
les deux mains sur la couverture
les yeux égarés
dans ses rêves de midinette
Son côté grand mousquetaire
Cheveux d'or blanchis avec le temps
Debout. Parlant peu. Mon père!
Chaque matin
en désespoir de cause
tracer sa route
Mon bel oiseau en cage!
De grands draps blancs
Ma mère dans ses oeuvres
Belle comme une vierge froissée
Le café trop fort
La tête sous les épaules
Solitaire d'un sommeil incertain
Les maux dans la gorge
Ma pipe
Ma pipe de Saint-Claude
ou celle de Cogolin
Un jour sur deux
Vaille que vaille
Mon petit caporal export!
Soir de bal au village
derrière le château
Mes lèvres aux creux de ton oreille
et tes seins
beaux comme les melons verts
de l'oncle Alexandre.
[/size]
Chaque repère
témoigne du quotidien
Précaire
l'horizon converge
vers la paume de ta main.
Dans la boîte aux oiseaux
le facteur déposait
les fragments d'un puzzle quotidien.
Ici
ce sont des routes sans fin
d'un paysage perpétuel
Un chemin qui hésite
entre avant et après.
Nommer
rien que pour donner
aux choses
un lieu en leur absence.
à Saint-Jean du Doigt
le ciel se brise sur la lande
La nuit des voix parlent en silence
tout est vrai et faux à la fois
comme les feux d'un phare
qui clignotent inexorablement.
Richard Taillefer
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Chevaux de bois
Au parc Borély
en plein cagnard
tes yeux pleins d'étoiles
Place Daumesnil
Dimanche de marché
Sur l'étalage printanier
Les fruits de Mireille
éclatent au soleil
Sur le comptoir
Un petit sauvignon
Avant la tempête
et la dernière cigarette
Clos des tulipes
Une rose à la main
Ton sourire dans la nuit
Sur l'écran
Cinéma de l'océan
Vogue la galère
dans les yeux bleus
de Michèle Morgan
Ces visages de filles
Doux et lointains
Poupées en porcelaine
Rue de Siam
La nuit tombe
sur le cimetière au Père-Lachaise
La fleuriste ferme ses portes
Vétue de son chandail bouton-d'or
Rue quincampoix
Une passante du soir
prend la relève
en oscillant des hanches
Sa cigarette
Brûle mes lèvres
Talons plats
dans son jeans magnétique
sous l'acacia géant
une jeune fille ouvre un livre
Matin d'automne
Son vieux cartable à la main
Une paire de chaussures
Un parapluie
et un bouquet d'immortelles
Dans sa salopette bleue
un cheminot
tout à son plat de lentilles
Rue du Charolais
Chez Jean l'auvergnat
Les rires de mon frère
sous un soleil de plomb
Les pieds dans la fontaine aux abeilles
en plein mois d'août
à Saint-Maximin
La gorgée de rosé limonade
à la fraîcheur du grand marronnier
entre deux rangs de pommes de terre
Midi tapante
Marseille
Rue Tubano
près du vieux port
passent les marins
et les filles en galère
Mon pote de patronage
les deux mains sur la couverture
les yeux égarés
dans ses rêves de midinette
Son côté grand mousquetaire
Cheveux d'or blanchis avec le temps
Debout. Parlant peu. Mon père!
Chaque matin
en désespoir de cause
tracer sa route
Mon bel oiseau en cage!
De grands draps blancs
Ma mère dans ses oeuvres
Belle comme une vierge froissée
Le café trop fort
La tête sous les épaules
Solitaire d'un sommeil incertain
Les maux dans la gorge
Ma pipe
Ma pipe de Saint-Claude
ou celle de Cogolin
Un jour sur deux
Vaille que vaille
Mon petit caporal export!
Soir de bal au village
derrière le château
Mes lèvres aux creux de ton oreille
et tes seins
beaux comme les melons verts
de l'oncle Alexandre.
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Chaque repère
témoigne du quotidien
Précaire
l'horizon converge
vers la paume de ta main.
Dans la boîte aux oiseaux
le facteur déposait
les fragments d'un puzzle quotidien.
Ici
ce sont des routes sans fin
d'un paysage perpétuel
Un chemin qui hésite
entre avant et après.
Nommer
rien que pour donner
aux choses
un lieu en leur absence.
à Saint-Jean du Doigt
le ciel se brise sur la lande
La nuit des voix parlent en silence
tout est vrai et faux à la fois
comme les feux d'un phare
qui clignotent inexorablement.
Richard Taillefer
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