Ici
les mots prennent racine
dans un alphabet de terre rouge
où se corrompt l'accent
d'un air de farandole
Racines profondes
ensemencées de sang
Ce n'était qu'un peu de rien
Une odeur d'herbe sèche
arrachée à la solitude de ton corps
Moisson amère de la terre
Epousailles en noir
De père en fils
on puisait l'eau
à grand seau d'espèrance
Pourtant
rien ne nous retenait
La légende voulait
que chaque bâtisse
ait son puits de détresse
A l'angle d'une rue
étroite comme une veine
nous apparaît parfois
un visage familier
Le temps alors s'immobilise
à la fraîcheur des murs épais
Seul
le rire brûlant d'une cloche
déchire le silence de midi
A présent
la forêt brûlait
Une odeur immuable de sève
cognait au front des mots
De funèbres sanglots
de broussailles
nous révèlaient
les racines de notre mémoire
Sur l'écorce
de nos lèvres fertiles
se consumait l'espoir des fougères
Furtive
était l'image
Les mots
venaient après
Témoigner en silence
l'absence retrouvée
Nous n'avions jamais
appris à lire
le cheminement des fleuves
Mais nous songions parfois
A la recherche
de quels éléments
- L'itinéraire des corps
Terres arides
mouillées de brumes
Dans le flot bleu de tes yeux
une autre densité
Une attente incertaine
Mais que de corbeaux morts
pour un épouvantail
En cercle
autour d'un grand feu d'incertitudes
nous partagions le silence
Derrière chaque visage
un autre visage
éclairait notre absence
Un vent de braise
nous ouvrait le chemin
Forêt obscure
où murmure le chant d'un enfant
A la lisière de l'ombre
la nuit prolonge
sa silhouette
Près du ruisseau
meurent les bêtes
Sur le mur
habillé de chaux
nos ongles
avaient inscrit
l'inquiétude du silence
Dans l'ombre
nous écoutions craquer
les meubles anciens
La solitude
avait l'odeur de la cire
et du bois mort
Une toile d'araignée
nous révélait la sagesse
La misère était là
corbeau noir sur la grève
Ondes éphémères
suspendues à tes lèvres
un rien de liqueur
au coin de la lande
Inexorablement
nos pas s'enfonçaient
dans des marécages brouillards
Parfois
une lumière éclair
déchirait ton regard de terre
La roche avoue l'érosion
l'empreinte se dérobe
Dans leurs parodies nautonières
les vagues figurent le rivage
Dune après dune
le sable écrit la plage
Chaque pas nous rapproche
de l'ultime escale
Ouvrons grands les yeux
pour ne pas succomber au voyage
Ne fallait-il pas
retourner les masques
Le rivage s'éloignait
de la citadelle
Nous espérions encore
que la porte ne se ferme
sur un paysage de cendres
On crut reconnaître
dans le vol des oiseaux migrateurs
le langage des bourgeons
L'écume de nos doutes
nous ramenait toujours au port
Farouche
était le silence
Sous la grande ourse
la forêt brûlait
d'un automne précoce
Il nous restait encore
à témoigner du chemin quotidien
A partager
cette espérance
cette générosité d'humus
Citadelle
de béton
où pousse un brin d'herbe
En marge
du vertige
la nuit porte le jour
Su les pans de murs
glissent des ombres détounées
Septembre
une odeur forte de genièvre
Dissimulée
dans l'insouciance des buis
l'ombre maléfique du sorcier
L'oiseau
pareil à un éclair
perce l'énigme du vent
Soudain
dans le regard ocre du fauve
le désarroi se cicatrise
[/size]
[size="4"]
< Litanies pour quatre saisons" Première partie . Richard Taillefer
les mots prennent racine
dans un alphabet de terre rouge
où se corrompt l'accent
d'un air de farandole
Racines profondes
ensemencées de sang
Ce n'était qu'un peu de rien
Une odeur d'herbe sèche
arrachée à la solitude de ton corps
Moisson amère de la terre
Epousailles en noir
De père en fils
on puisait l'eau
à grand seau d'espèrance
Pourtant
rien ne nous retenait
La légende voulait
que chaque bâtisse
ait son puits de détresse
A l'angle d'une rue
étroite comme une veine
nous apparaît parfois
un visage familier
Le temps alors s'immobilise
à la fraîcheur des murs épais
Seul
le rire brûlant d'une cloche
déchire le silence de midi
A présent
la forêt brûlait
Une odeur immuable de sève
cognait au front des mots
De funèbres sanglots
de broussailles
nous révèlaient
les racines de notre mémoire
Sur l'écorce
de nos lèvres fertiles
se consumait l'espoir des fougères
Furtive
était l'image
Les mots
venaient après
Témoigner en silence
l'absence retrouvée
Nous n'avions jamais
appris à lire
le cheminement des fleuves
Mais nous songions parfois
A la recherche
de quels éléments
- L'itinéraire des corps
Terres arides
mouillées de brumes
Dans le flot bleu de tes yeux
une autre densité
Une attente incertaine
Mais que de corbeaux morts
pour un épouvantail
En cercle
autour d'un grand feu d'incertitudes
nous partagions le silence
Derrière chaque visage
un autre visage
éclairait notre absence
Un vent de braise
nous ouvrait le chemin
Forêt obscure
où murmure le chant d'un enfant
A la lisière de l'ombre
la nuit prolonge
sa silhouette
Près du ruisseau
meurent les bêtes
Sur le mur
habillé de chaux
nos ongles
avaient inscrit
l'inquiétude du silence
Dans l'ombre
nous écoutions craquer
les meubles anciens
La solitude
avait l'odeur de la cire
et du bois mort
Une toile d'araignée
nous révélait la sagesse
La misère était là
corbeau noir sur la grève
Ondes éphémères
suspendues à tes lèvres
un rien de liqueur
au coin de la lande
Inexorablement
nos pas s'enfonçaient
dans des marécages brouillards
Parfois
une lumière éclair
déchirait ton regard de terre
La roche avoue l'érosion
l'empreinte se dérobe
Dans leurs parodies nautonières
les vagues figurent le rivage
Dune après dune
le sable écrit la plage
Chaque pas nous rapproche
de l'ultime escale
Ouvrons grands les yeux
pour ne pas succomber au voyage
Ne fallait-il pas
retourner les masques
Le rivage s'éloignait
de la citadelle
Nous espérions encore
que la porte ne se ferme
sur un paysage de cendres
On crut reconnaître
dans le vol des oiseaux migrateurs
le langage des bourgeons
L'écume de nos doutes
nous ramenait toujours au port
Farouche
était le silence
Sous la grande ourse
la forêt brûlait
d'un automne précoce
Il nous restait encore
à témoigner du chemin quotidien
A partager
cette espérance
cette générosité d'humus
Citadelle
de béton
où pousse un brin d'herbe
En marge
du vertige
la nuit porte le jour
Su les pans de murs
glissent des ombres détounées
Septembre
une odeur forte de genièvre
Dissimulée
dans l'insouciance des buis
l'ombre maléfique du sorcier
L'oiseau
pareil à un éclair
perce l'énigme du vent
Soudain
dans le regard ocre du fauve
le désarroi se cicatrise
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< Litanies pour quatre saisons" Première partie . Richard Taillefer