sur les murs
ces affiches
qui nous collent à la peau
De porte en porte
tu brûles ton carnet d'adresses
(Comme si chaque départ
n'était qu'un raccourci vers toi même)
Parfois une main se tend
- Tu t'y accroches
Mais rien n'est d'éfinitif
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A cet instant
imperceptible
Où la nuit
se fait plus pressante
et bascule
On dit
que quelqu'un
quelque part
se replie dans sa tête
Cogne son front
contre les butoirs de la solitude
Eveille en lui
des détresses anticipées
Ils ont dit
que l'ombre soit
et nous avons renoncé
à notre propre lumière
Aux gestes lents
des moissons maternelles
Ils ont dressé des murailles
arraché les racines de nos corps
Et nous avons eu peur
de ce long silence
après l'orage
Nulle cicatrice
à l'écoute des jours
Au loin
la ville perpétue
ses rumeurs clandestines
Dans la plaine
un dernier regard
confond la prairie
La rue
se brise
au rond-point des falaises
La lumière tombe
plus noire que la pluie
Nomades
de toute absence
les colonnes se courbent
sur d'étranges silhouettes printanières
Le ciel t'éclaire
mais en toi est la nuit
Plus tenace qu'une ronce
sur le bord du chemin
Et si parfois tu consens
à douter des circonstances
Rebelle entre tes mailles
tu t'égares vers d'autres certitudes
Cette ombre sur le mur
L'herbe en écharpe
autour de tes épaules
Et ce soleil trop fort et nu
où le bleu appréhende la mort
Dans toute sa dimension
toute son immobilité
Sous le tilleul
une balançoire
défie le temps
Au pied du mur
l'ombre rappelle la lumière
Peu importe le regard
l'horloge est immuable
Sur l'envers du décor - L'exubérance
L'horizon
ronge la mer
Je te cherche encore
Entre les mailles
le piège - Peut-être
Mais comment
nous confondre
en une seule et même solitude
Une odeur magique de cendre
accuse nos visages
Nous portons
tant de forêts
dépouillées de leur chemin
Sémaphore
parmi les chimères
nous attendrons
les prophètes du matin
Chaque éclaircie de forêt
se fait silence de ronces
Entre les crêtes
l'horizon jaillit d'un regard
Tout brûle encore
lorsque la nuit s'immobilise
En marge des saisons
l'argile du chemin
L'été cogne
aux fenêtres de l'absence
Gestes en friches
que dénonce l'épure d'un regard
La grille était fermée
et le jardin clos
Quelques pans de lumière
trahissaient un chemin
cadran de ronces
au pied d'une poubelle
Dans la boîte aux oiseaux
le facteur déposait
les fragments d'un puzzle quotidien
Nous dérivons sans cesse
au gré des équinoxes
Toute approche - Nous éloigne
d'une esquisse promise
Naufragés de l'aube
nous appareillons
les parois d'un labyrinthe
qui nous absorbent
Tout s'éclaire
lorsque la mer se retire
Lentement
la plage prend corps
S'estompent les cicatrices
Plus tard
resurgiront
entre les algues
et les crustacés
les cathédrales de sable
Miroir
de nos galets
Au rond-point des falaises (Richard Taillefer. Prix Froissart. Aux éditions des cahiers Froissart)
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ces affiches
qui nous collent à la peau
De porte en porte
tu brûles ton carnet d'adresses
(Comme si chaque départ
n'était qu'un raccourci vers toi même)
Parfois une main se tend
- Tu t'y accroches
Mais rien n'est d'éfinitif
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A cet instant
imperceptible
Où la nuit
se fait plus pressante
et bascule
On dit
que quelqu'un
quelque part
se replie dans sa tête
Cogne son front
contre les butoirs de la solitude
Eveille en lui
des détresses anticipées
Ils ont dit
que l'ombre soit
et nous avons renoncé
à notre propre lumière
Aux gestes lents
des moissons maternelles
Ils ont dressé des murailles
arraché les racines de nos corps
Et nous avons eu peur
de ce long silence
après l'orage
Nulle cicatrice
à l'écoute des jours
Au loin
la ville perpétue
ses rumeurs clandestines
Dans la plaine
un dernier regard
confond la prairie
La rue
se brise
au rond-point des falaises
La lumière tombe
plus noire que la pluie
Nomades
de toute absence
les colonnes se courbent
sur d'étranges silhouettes printanières
Le ciel t'éclaire
mais en toi est la nuit
Plus tenace qu'une ronce
sur le bord du chemin
Et si parfois tu consens
à douter des circonstances
Rebelle entre tes mailles
tu t'égares vers d'autres certitudes
Cette ombre sur le mur
L'herbe en écharpe
autour de tes épaules
Et ce soleil trop fort et nu
où le bleu appréhende la mort
Dans toute sa dimension
toute son immobilité
Sous le tilleul
une balançoire
défie le temps
Au pied du mur
l'ombre rappelle la lumière
Peu importe le regard
l'horloge est immuable
Sur l'envers du décor - L'exubérance
L'horizon
ronge la mer
Je te cherche encore
Entre les mailles
le piège - Peut-être
Mais comment
nous confondre
en une seule et même solitude
Une odeur magique de cendre
accuse nos visages
Nous portons
tant de forêts
dépouillées de leur chemin
Sémaphore
parmi les chimères
nous attendrons
les prophètes du matin
Chaque éclaircie de forêt
se fait silence de ronces
Entre les crêtes
l'horizon jaillit d'un regard
Tout brûle encore
lorsque la nuit s'immobilise
En marge des saisons
l'argile du chemin
L'été cogne
aux fenêtres de l'absence
Gestes en friches
que dénonce l'épure d'un regard
La grille était fermée
et le jardin clos
Quelques pans de lumière
trahissaient un chemin
cadran de ronces
au pied d'une poubelle
Dans la boîte aux oiseaux
le facteur déposait
les fragments d'un puzzle quotidien
Nous dérivons sans cesse
au gré des équinoxes
Toute approche - Nous éloigne
d'une esquisse promise
Naufragés de l'aube
nous appareillons
les parois d'un labyrinthe
qui nous absorbent
Tout s'éclaire
lorsque la mer se retire
Lentement
la plage prend corps
S'estompent les cicatrices
Plus tard
resurgiront
entre les algues
et les crustacés
les cathédrales de sable
Miroir
de nos galets
Au rond-point des falaises (Richard Taillefer. Prix Froissart. Aux éditions des cahiers Froissart)
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Un frisson particulier ici :
Ils ont dit
que l'ombre soit
et nous avons renoncé
à notre propre lumière
Aux gestes lents
des moissons maternelles
Ils ont dressé des murailles
arraché les racines de nos corps
Mais il y a tant d'autres passages que j'aimerais citer.
Je viens de prendre un grand bol de sensations et d'émotions en ouvrant une fenêtre sur un paysage déchiré et déchirant.
C'est un texte magnifique à mes yeux, Richard, j'ai l'impression de revenir d'une longue épopée.
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