MA MERE

MA MERE

Je te suivrai, ombre évanescente,
Je marcherai dans la sente
Qui conduit jusqu’à toi
Parmi les champs de blé qui ondoient
Au soleil de Juillet.

Partout où tu seras, je serai.
Tu n’as rien perdu de tes grâces automnales
Et quand je vois cette ombre, j’ai mal.

En moi dorment les souvenirs
D’un passé douloureux
Et j’aimerais revenir
A des jours plus heureux.

Hélas ! Un brouillard trop épais nous sépare
Je ne vois que cette ombre fugitive.
Oh ! Je t’en prie quoi qu’il arrive
Retourne-toi, tends-moi les bras !

Mais non, tu marches fière et hautaine
Le voile léger qui couvre tes cheveux gris
Me fait penser au jour où tu m’as accueillie
Sur cette terre, oh ! Ma mère
Quand pour la première fois
Tu m’as souri.

Marche encore, ombre de bonheur
Non, je ne compterai pas les heures
Pour suivre tes pas.
Je voudrais tant courir
Pour hâter mon trépas…

Mais je n’ ai pas fini d’achever mes saisons,
Ne serai pas encore fauchée avec les moissons.
Il va me falloir vivre bien des écueils
Pour voir pliés ensemble sur mon cercueil
Ton voile de mariée et ma robe de deuil.

Plus rien jamais ne sera comme avant
Quand joyeux nous étions en t’appelant maman,
Cette douce parole devenue vaine,
Ta photo jaunie ravive encore ma peine !

Ombre de lumière sous le soleil naissant
Je t’en supplie, viens chercher ton enfant.

Marie Jolival