L'OISEAU BLEU

L’oiseau Bleu

Il faudrait à mes nuits,
Disposée sur mon lit,
Une brassée de fleurs de Chine,
Des fleurs avec de longues tiges fines.
Purs joyaux les pétales,
Aux couleurs de rubis, de saphir et d'opale,
D'or vert, les feuilles et les sépales.
Je m'allongerais alors,
Me couvrant d'une mousseline,
D'une gaze de soie,
Brodée de perles fines.
Flotterait dans ma chambre,
Comme un parfum d'encens,
De Chypre et de rose d'Orient.
Sur le bord de ma fenêtre ouverte,
Viendrait se poser, élégance suprême,
Un superbe oiseau bleu.
Eclairé d'un rayon de lune,
Celui qu'en secret espère,
Chacun et chacune.
Il me fixerait alors,
De ses deux yeux de jais,
Impressionnante matière minérale,
Enchâssée dans un animal.
Je m'endormirais, et là,
Le charmant volatile,
Viendrait doucement,
Se poser sur ma poitrine.
De ses ailes déployées,
D'une finesse extrême,
D'un joli bleu royal,
Ce joli bleu que j'aime.
Enlaçant mon corps,
Posant sa tête près de la mienne,
Nous nous endormirions,
Comme dans les poèmes.

A l'aube,
Quand tout sommeille encore,
Et que des poussières multicolores,
Semblent flotter,
Dans la nuit presque violette,
Le tendre oiseau repartirait,
Par la fenêtre ouverte,
Dessinant dans le ciel,
De curieuses arabesques.

Il écrirait ces mots,
N'existant que pour moi,
Avec de l'encre rose,
Qui ne s'efface pas,
Adieu mon tendre amour,
Je n'ai aimé que toi !

Reviendras-tu ce soir bel oiseau ?
Pour toi je me ferais reine,
Reine de Saba ou bien d'ailleurs,
Enfin reine de ton coeur.
Je ne puis oublier cette nuit si divine,
Embaumée de fleurs de soie,
Et de parfums de Chine.
Reviens ce soir !
Te poser sur ma poitrine,
Là, dans ma chambre,
Loin des vautours et des rapaces,
Bel oiseau, royale sera ta place.

Marie JOLIVAL