Je n’ai pas plus d’ambitions que de désirs.
Être poète n’est pas une ambition pour moi.
C’est ma façon d’être tout seul.
Le gardeur de troupeaux (1914) – [Alberto Caeiro]
Fernando Pessoa
Vivre sa vie en silhouette
Sans épaisseur et sans effort,
Vivre sa vie en vrai poète
A tutoyer ce qu’est la mort.
C’est dans le cœur qu’est le voyage,
Tous les sursauts d’immensité,
Plus que dans l’œil sombre ou volage
Du pèlerin de la cité.
Tout l’Univers, là dans la tête,
A se bâtir un monde à soi
Par l’épopée ou la conquête,
Sans interdit l’esprit conçoit.
A s’effacer toute limite
Se gomme aussi chaque désir,
Chaque travers que l’homme imite
Dans l’alibi nommé plaisir.
Amadouer la solitude,
Sentir vibrer ce qui n’est rien,
Le prolonger par son étude,
Lancer les mots comme son chien.
Aller chercher le sens ultime
Tel un bâton lancé, perdu,
Qu’on porte au cœur comme un intime
Tel un jouet cassé, tordu.
De la douleur nait le poème,
Mot après mot vient le linceul
Qui bordera ce que l’on aime,
C’est ma façon d’être tout seul.
Vivre sa vie en silhouette
Sans épaisseur et sans effort,
Vivre sa vie en vrai poète
A tutoyer ce qu’est la mort.
Mot après mot vient le linceul
Qui bordera ce que l’on aime,
C’est ma façon d’être tout seul."
Profond et beau.
Amicalement.
hasia