O toi mon agitée et ma calme pensée
Mon silence sonore et mon écho secret
Mon aveugle voyante et ma vue dépassée
Je n’ai plus eu que ta présence
Paul Eluard – Dominique, aujourd’hui présente – Le Phénix (1950)
Rien n’est plus pur que le silence,
Que le silence au bord de l’eau,
Quand le torrent s’est oublié,
Pour que se caressent les rives.
Il glisse froid l’amer chagrin,
Sur tous les bords du cœur brisé,
Il fige au sang et paralyse
Le cygne au regard langoureux.
Rien n’est plus sûr que le silence,
Que le silence sans écho,
Comme la neige s’est perdue,
Sur une cime désolée.
Souffle la paix du temps qui passe
Au cadran fou des jours sans fièvre !
Si la musique est de l’esprit,
Combien le cœur aime la danse.
Rien n’est plus mûr que le silence,
Que le silence et la sagesse
Au seuil masqué de la vieillesse,
Porte facile et sans loquet.
Où sont les cris de la jeunesse ?
Chaque promesse se souvient,
De l’air léger et du parfum,
Du tremblement des grands départs.
Rien n’est plus dur que le silence,
Que le silence au crépuscule,
Quand le poète étend les mots
Qui se draperont dans l’oubli.
Toutes ces lignes sont pour toi,
En triste offrande, en cœur perdu,
En vœu courtois montant au ciel,
Pour que tu brises le silence.
On raconte sans bruit,
Au calme des secrets,
Parfois nait un amour,
Plus dur que le silence.
Amicalement.
hasia