Terza-rima
Tempus fugit, le temps s’enfuit,
Fétu de paille ou brin de plume,
Tout part léger sans même un bruit.
Tabac brûlé, pipe d’écume,
Tout est effluve et cendrier,
De fumée acre et d’amertume.
Rien que sa vie à parier,
Roulette russe ou de palace,
Tout est fugace ou meurtrier.
Désir de flamme ou bien de glace,
Mais si l’un fond, l’autre s’éteint,
Faute d’élan, l’esprit se lasse.
Ô chant d’espoir du cœur lointain
Au souffle hardi qui seul nous grise,
Quel est l’appel qui nous atteint ?
J’aime la terre et puis sa brise,
Les horizons que j’ai gravis,
D’un seul regret mon âme est prise,
Ô mes départs inassouvis !
Je suis de ceux dont les désirs sont sur la terre.
Le souffle qui vous grise emplit mon cœur d’effroi,
Mais votre appel, au fond des soirs, me désespère,
Car j’ai de grands départs inassouvis en moi.
L’Horizon Chimérique [V] – Jean de La Ville de Mirmont [Posthume – 1920]
Tempus fugit, le temps s’enfuit,
Fétu de paille ou brin de plume,
Tout part léger sans même un bruit.
Tabac brûlé, pipe d’écume,
Tout est effluve et cendrier,
De fumée acre et d’amertume.
Rien que sa vie à parier,
Roulette russe ou de palace,
Tout est fugace ou meurtrier.
Désir de flamme ou bien de glace,
Mais si l’un fond, l’autre s’éteint,
Faute d’élan, l’esprit se lasse.
Ô chant d’espoir du cœur lointain
Au souffle hardi qui seul nous grise,
Quel est l’appel qui nous atteint ?
J’aime la terre et puis sa brise,
Les horizons que j’ai gravis,
D’un seul regret mon âme est prise,
Ô mes départs inassouvis !