Nous n’irons plus au bois,
Les lauriers sont coupés,
La belle que voilà
La laisserons-nous danser ?
Anonyme – 18ème siècle
Nous n’irons plus au bois, les lauriers sont coupés.
Mais pourquoi des lauriers ? Serait-ce pour la gloire,
Le triomphe à fêter, la saveur des soupers
Du Seigneur d’un castel dormant en bord de Loire ?
Pourquoi n’irions-nous plus nous perdre dans les bois ?
Nos noms s’y trouvent bien, gravés sur un vieil arbre,
Un jour où tu jouais une biche aux abois,
Que j’avais un canif et que manquait le marbre.
Mais si l’arbre a grandi, c’est que l’écorce aussi,
Que les lettres des noms ont pris de la distance
Tout autant que l’oubli scelle joie et souci
Emportant avec lui l’air ancien et la stance.
Je connais le chemin, t’en souviens-tu toujours ?
Il sentait la bruyère ainsi que l’aubépine
Et bien sûr le laurier, senteur de nos amours ;
J’ai perdu le parfum, il me reste une épine.
Mais le temps a glissé le fer du bûcheron,
Nous n’irons plus au bois, il faut l’esprit rebelle,
Aimer la chose simple au cœur du tâcheron.
Qui parle de lauriers ? Tu peux danser ma belle !