Had I the heavens’ embroidered cloths,
Enwrought with golden and silver light,
The blue and the dim and the dark cloths
Of night and light and the half-light,
I would spread the cloths under your feet:
But I, being poor, have only my dreams;
I have spread my dreams under your feet;
Tread softly because you tread on my dreams.
He Wishes For The Cloths Of Heaven – The Wind Among the Reeds (1899)
William Butler Yeats
Si j’avais les voiles brodés du ciel
Ouvrés de lumière d’or et d’argent,
Les voiles bleus et pâles et sombres
De la nuit, de la lumière, de la pénombre,
J’étendrais ces voiles sous tes pas ;
Mais moi, qui suis pauvre, n’ai que mes rêves ;
J’ai étendu mes rêves sous tes pas ;
Marche doucement car tu marches sur mes rêves.
Il voulait les voiles du ciel – Le vent parmi les roseaux (1899)
William Butler Yeats
Qu’étendre sous tes pas ? Le tapis de velours
Qu’a tissé pour la Terre une parque* amusée
De la verdeur de l’herbe à l’aube de ses jours ?
Une peau sans défaut, de panthère rusée,
De tigre ou d’ocelot, la gloire d’un chasseur
Dont le fusil antique orne encor le musée ?
Le parquet vernissé du bal et du danseur
Qu’astique avec ferveur le premier majordome
De sa cire encaustique empreinte de douceur ?
Les Mille et Une Nuits, au moins leur premier tome,
Feuillets aux quatre vents dispersés sur le sol,
En chiffres assemblés, délire d’astronome ?
Des graines de pavot ou bien de tournesol,
Essence végétale, ambition de sèves,
Pour charmer le soleil en orbe parasol ?
S’il te plait de marcher, marche au moins sur mes rêves.
*parque : MYTH. Chacune des trois déesses (Clotho, Lachésis, Atropos) qui président à la destinée des hommes en filant, dévidant et coupant le fil de la vie.