Lorsque ma main frémit si la tienne l’effleure,
Quand tu me vois pâlir, femme aux cheveux dorés,
Comme le premier jour, comme la première heure,
Rien qu’en touchant ta robe et ses plis adorés.
Lorsque ma main frémit si la tienne l’effleure (9/11/1845) – Toute la lyre (1893 – posthume)
Victor Hugo
Je n’ai plus de passé lorsque ma main frémit
Quand la tienne l’effleure en invite légère ;
Le présent s’oubliait, voici qu’il s’affermit
D’une attente imprévue et qui m’est étrangère.
J’invoquerai le Diable et le pacte de sang,
Je serai Docteur Faust, tu seras Marguerite ;
Méphisto livrera son bal étourdissant
Avec cette ferveur qui n’appartient qu’au rite.
Un peu plus de jeunesse et je renoncerai
Au repos de mon âme, à la clarté céleste ;
Pour un dernier élan, crois-moi, je signerai
De ma main qui frémit l’alliance funeste.
Que m’importe demain, le Temps s’est disloqué,
Au Diable l’avenir, que débute la danse !
M’offres-tu cette valse à ce bal démasqué,
Mais si le Temps n’est plus, qui marque la cadence ?
Si le jour s’obscurcit et si la nuit blêmit,
Si même le soleil ne sait plus donner l’heure,
C’est qu’un pacte est signé lorsque ma main frémit,
Pour dissoudre le Temps, quand la tienne l’effleure.
Très beau.
hasia