Source : Sotte à vingt ansSotte à vingt ans.
Il suffit de courir pour ne pas partir à point.
La tête, on se la grignote pour ne pas être en retard.
En retard dune nouvelle mode, ou dune chanson en lair,
Et les années folles passent toutes au travers.
De lâge de Cupidon à celui de la canne,
Tout se dérobe et ne vit quun instant.
Le sable entre mes doigts sécoule, imperturbable,
Tandis que ma peau se flétrit, se détend.
Et pourtant jamais je ne voudrais redevenir cette sotte
Que jétais à vingt ans dans une jolie enveloppe.
Je ne savais pas la différence entre contrariété et misère,
Je ne connaissais pas mon bonheur dêtre là
Riche dun toit sur ma tête et de manger à ma faim,
Et de pouvoir dire tout haut mon avis sur les choses.
De vivre simplement dan un pays sans guerre,
En bonne santé, disposant de mon corps tout entier.
Les fées sur ma tête avaient fait des prouesses,
Jétais jolie et riche, javais ma chambre à moi.
Et de tout cela je ne savais que mépriser,
Ceux qui navaient pas ma fortune :
Les pauvres et les pas beaux.
A lheure quil est, jai appris de la vie
Qui ne fut pas tendre avec moi tout au long,
Que je ne avais pas mieux faire que beaucoup,
Et même souvent pire, je dois me lavouer.
Je suis devenue plus attentive aux soupirs,
Que poussent mes voisins parfois involontaires,
Jy suis plus sensible et je compatis,
Bref. Je suis plus tendre et moins sévère.
Ainsi va la vie tout au long :
Elle décharne le corps et embellit l'âme.
PM le 21/04/20222
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