6h30. Le réveil lance son impétueux bourdonnement à mes oreilles. Frénétiquement, ma main molle le cherche sur le chevet au milieu du livre de la veille, des mouchoirs et autres acolytes se trouvant là par hasard. Ma cheville foule enfin la douce moquette crème et mes pieds me mènent à la salle de bain où je scrute la moindre nouvelle ride sur cette peau distendue. Puis, cri d'angoisse ! Enfin réveillée, je ne me reconnais plus dans ce miroir ; mon visage semble avoir pris des années. Je me faufile dans le salon et tombe sur une pile vacillante de dossiers. Un énorme « urgent » barre le supérieur. Ces cinq lettres ne veulent rien dire lorsqu'elles sont séparées les unes des autres, elles n'émanent rien de beau ni de dangereux ni même de triste ; elles sont totalement dépourvues de sens. Et pourtant cet urgent ou cet important semble dicter ma vie. Pourquoi ce dossier devrait-il être plus important qu'écouter le chant d'un oiseau ou d'aimer ces enfants. Maintenant on les relègue vite fait à une nounou avec pour argument passe-partout : « je n'ai pas le temps ». Pas le temps ? Mais où passent donc ces 24 heures ? La moitié passe dans le repos et les repas et le reste s'enfuit dans un semblant de travail qui ne fait que brasser de l'air. Troublée, je retourne dans la salle de bain et m'installe devant la grande glace. Je fais tomber mes vêtements comme si ma nudité me permettait de lire jusqu'aux tréfonds de mon être. Une question me hante : « qui suis-je moi qui suis ? ».
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