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La médiocrité de Philibert (2)

Posté par Kelton, 23 janvier 2008 · 344 visite(s)

La route défile sous le flot des voitures, ponctué par les sursauts des changements de file, comme une brindille emportée par les eaux d'une rivière qui file. Par la vitre il regarde à l'intérieur des véhicules qui dépassent. Il imagine leur destination de bonheur, les joies qui motivent le sourire affiché de leur conducteur. Puis il revient à lui...

Et Philibert ne sait même pas chanter.

Le voyage est rapide et déjà le mouvement s'estompe. Le car s'arrête. Philibert attrape sa veste, déposée au départ sur le siège d'à côté, comme on pose un rempart pour ne pas être dérangé. Un coup d'oeil dans l'allée, un au revoir, trois marches ; il est sur le pavé.

Et Philibert ne sait même pas courir.

Le jour suivant. Philibert repart. Le matin, il prend le train. Sur le quai de la gare, il écoute au loin le serpent de fer qui s'annonce. Il fait froid ce matin et il pleut encore. Les gens se presse au devant des wagons et s'engouffrent à l'intérieur à peine les portes automatiques ouvertes. Philibert entre en dernier.

Et Philibert ne sait même pas se presser.

La promiscuité des voyageurs est grande. Philibert est observateur. D'aucuns se réfugient dans un sommeil hypocrite, d'aucuns lisent un roman, partagent le titre de leur livre des dizaines d'yeux qui naviguent au hasard, comme perdus, sans but. Philibert arrête son regard quelques sièges devant lui, sur sa droite. Quelle tristesse dans ce visage. Dans ces yeux bleus noyés de fatigue, de détresse, de chagrin, peut-être. Mais des yeux si bleu, si profonds... Regards croisés, un instant... sans message, vides, mourants.

Et Philibert ne sait même pas sourire.



Médiocre Philibert, si peu..
il semble qu'il sache regarder..
et passe le temps
bises