Créer un thème personnalisé
0
La journée est finie. Philibert ferme la porte du bureau, comme le fait au théâtre le baisser du rideau. Il rejoint la gare. Quai numéro deux, voie B, départ dix-huit heures.
« Le TGV numéro 9514 en provenance de Paris Gare de Lyon et à direction de Milan, départ prévu à 17h45, va entrer en gare voie B, Eloignez-vous de la bordure du quai s'il vous plait. »
S'éloigner ? Et pourquoi au contraire ne pas rester au plus près de ce rebord de pierre ? Sentir en un coup jaillir cette lumière dont on parle beaucoup, qui est le vrai mystère. Mais déjà l'homme en bleu à sifflé, et d'un ou deux pas cadencés la foule s'est reculée. Le train est déjà là. Par les vitres fumées et embrumées, Philibert suit du regard les visages qui défilent. D'aucuns lui lancent la même interrogation depuis leur siège ; mais eux, ils ne peuvent pas se jeter au dehors... Alors qu'il est au bord du sourire, Philibert voit passer ses yeux verts. Comme une scène de cinéma au ralenti. Elle pleure, le front posé dans la paume de sa main, contre la vitre. Il se sent comme ébloui, comme si ce malheur inconnu justifiait qu'il soit là, debout, l'air un peu ahuri. Le train est maintenant immobile, et la cohue des pas aux bords des marche-pieds masque la voiture de la jeune épleurée. Philibert, bousculé, se laisse un temps porter puis s'écarte, se rapproche, et se retrouve juste en face de la vitre cherchée…
Et Philibert ne sait même plus parler.
« Voie B, le TGV numéro 954 en direction de Milan va partir. Attention à la fermeture automatique des portes, attention au départ. »
Elle n'a pas détourné les yeux. Elle pleure toujours, le regard dans le vide. Les larmes coulent lentement le long de ses joues. Certaines ont suivi la courbure de la peau pour glisser dans sa main, loin de son cou, entamant un périple au cœur de sa manche, le long d'un bras dont Philibert imagine les plus beaux des secrets. En un instant, dans un bruit de ferraille, elle a disparue.
Et Philibert ne sait même pas par quoi commencer.
« Le TGV numéro 9514 en provenance de Paris Gare de Lyon et à direction de Milan, départ prévu à 17h45, va entrer en gare voie B, Eloignez-vous de la bordure du quai s'il vous plait. »
S'éloigner ? Et pourquoi au contraire ne pas rester au plus près de ce rebord de pierre ? Sentir en un coup jaillir cette lumière dont on parle beaucoup, qui est le vrai mystère. Mais déjà l'homme en bleu à sifflé, et d'un ou deux pas cadencés la foule s'est reculée. Le train est déjà là. Par les vitres fumées et embrumées, Philibert suit du regard les visages qui défilent. D'aucuns lui lancent la même interrogation depuis leur siège ; mais eux, ils ne peuvent pas se jeter au dehors... Alors qu'il est au bord du sourire, Philibert voit passer ses yeux verts. Comme une scène de cinéma au ralenti. Elle pleure, le front posé dans la paume de sa main, contre la vitre. Il se sent comme ébloui, comme si ce malheur inconnu justifiait qu'il soit là, debout, l'air un peu ahuri. Le train est maintenant immobile, et la cohue des pas aux bords des marche-pieds masque la voiture de la jeune épleurée. Philibert, bousculé, se laisse un temps porter puis s'écarte, se rapproche, et se retrouve juste en face de la vitre cherchée…
Et Philibert ne sait même plus parler.
« Voie B, le TGV numéro 954 en direction de Milan va partir. Attention à la fermeture automatique des portes, attention au départ. »
Elle n'a pas détourné les yeux. Elle pleure toujours, le regard dans le vide. Les larmes coulent lentement le long de ses joues. Certaines ont suivi la courbure de la peau pour glisser dans sa main, loin de son cou, entamant un périple au cœur de sa manche, le long d'un bras dont Philibert imagine les plus beaux des secrets. En un instant, dans un bruit de ferraille, elle a disparue.
Et Philibert ne sait même pas par quoi commencer.
