Philibert

Philibert est passé ce matin. Sur le pas de ma porte, il a posé le sien ; il a frappé. Mais je n'étais pas là. Ce n'est pas grave ; on se manque souvent. Quand ses heures et les miennes se croisent finalement, c'est toujours tard le jour. On refuse "tard la nuit" car nos nuits n'existent plus. Elles sont toutes un jour comme les autres. Il est reparti rapidement, laissant dessous la porte un petit papier blanc. J'aime recevoir ses mots quand le temps nous sépare. Ils me rapprochent toujours de ce que je voudrais croire.

Philibert est passé ce matin. Le papier sous ma porte disait cette fois la fin. J'ai pleuré. J'ai toujours su que l'issue était proche ; mais dans un labyrinthe, si l'on cherche toujours à sortir, on n'est parfois peu pressé de retrouver la porte. Qu'importe. Les larmes passées, j'ai plié le papier. Je l'ai mis dans ma poche. J'ai gagné le pont le plus proche. Le tumulte de l'eau chantait mon écoeurement. J'ai glissé sur le bord, lentement...

Philibert est passé ce matin. Il est quelques heures plus tard, je l'ai rejoint.