Estocade

Ce matin, j'ai quitté la terre. En un instant, j'étais au-dessus de la mer. Les villes et leurs maisons semblaient comme tant de fourmis, qui, bien que ne bougeant pas, donnaient l'impression de la multitude, d'un vacarme grouillant, si loin de ma nouvelle solitude. Les nuages par moment occultaient le sol qui rapetissait, me glissant dans une ouate légère, m'apaisant de ma moite misère. Je rêvais.

Ce matin, j'ai quitté la terre. Une lumière aveuglante en un coup m'arracha à cette plénitude naissante. Agressive à ma vue, amère, blessante, mon coeur se mit à battre et à cogner mes tempes. Il était temps. Quelques secondes plus tard, tout était tranquille. Mon âme redevenue docile m'adressait des messages sur le bonheur, des idées alcalines et le parfum des fleurs. Je soufflais.

Ce matin, j'ai quitté la terre. Mais alors qu'enfin libre j'imaginais le temps, que je voyais si loin vers l'au-delà firmament, une dernière estocade entrava mes prières...


"Mesdames et messieurs, nous allons bientôt commencer notre descente vers Nice, ...." Je pleurais.