Avant la fin

Petit parfum de fin du monde. Mon coeur est défaillant. C'est le docteur qui me l'a dit, patiemment. Adossé à cette chaise peu confortable, je pose mes deux mains bien à plat sur la table. Je regarde par la fenêtre, au loin, pour tenter une dernière fois de trouver le chemin.

Petit parfum de fin du monde. Je vais partir, c'est sûr. Mais je ne sais ni quand, ni dans quel instant s'achèvera l'aventure. J'en imagine un meilleur, un plus beau, plus poétique ou simplement plus pur. Mais le temps qui reste est seul maître et forcément, c'est dur.

Petit parfum de fin du monde. Je t'imagine alors, si loin de ma décadence. Toi qui es si jolie, tu t'amuses et tu danses, bien au-delà de ma vie. Tu ignores à quel point mon âme en feu t'espère, tu ne sais pas non plus tout ce que j'ai déjà fait pour te connaître et percer tes mystères.

Petit parfum de fin du monde. S'il me reste le temps et quelque chose à faire, c'est peut-être oser vivre cette passion singulière. Mais pourquoi le ferais-je ? Laisser à mon souvenir un autre coeur blessé ? Prendre le risque au contraire de voir le mien exploser ? Il n'y a pas d'issue. L'amour que j'ai pour toi est en fait un sursis ; une énergie en cadeau pour un peu plus de vie à contempler ta peau.

Petit parfum de fin du monde. Il est l'heure de me reposer. C'est le docteur qui me l'a fait jurer. Il reste peu de temps et le comble et que je ne peux l'user que lentement, organiser ma propre agonie, égrainer des minutes déchargées de la vie. Mais mon esprit est là, fort heureusement, pour me souffler ton parfum comme un apaisement.

Petit parfum de fin du monde.