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Suc des satiétés


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#1 En hoir de Loup-de-lune

En hoir de Loup-de-lune

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Posté 05 juin 2020 - 11:02

(Notes : 1. Les deux derniers vers du poème "où toujours rebrousser/l'éphébique fatalité de nourrir en fleuve" expriment tout à la fois la tempérance par le sens, et la satiété par le son, soit la répétition de "ou" d'une part, l'allitération de "ph-f" d'autre part. 2. À propos des vers "elles retrempent/en noyant la focale de leurs phosphènes/les édilités de verre qui se coalisent" : le mot "édilité" revêt toute sa signification étymologique de "charge des édifices" ; il repose sur une très ancienne racine indo-européenne *aidh- "brûler" ; de là aedes, à l'origine "foyer", "hutte primitive de forme circulaire, avec le feu au milieu, comme l'aedes Vestae, ou temple de Vesta à Rome" ainsi que nous l'apprend le Robert Étymologie du français (2015), de Jacqueline Picoche ; d'où, en latin classique, les sens de "temple" et "maison" ; les dérivés : aedificare "construire", aedificium "bâtiment", aedilis "édile, qui s'occupe des édifices sacrés et privés", aedilitas "charge d'édile". Cette importante racine est aussi à l'origine des mots "été", saison "brûlante" s'il en est, par le latin aestas, et "éther" par le grec aithêr "ciel lumineux". Dans "Suc des satiétés", l'eau, c'est-à-dire la transparence, "enfuie des gemmes des inextinguibles avidités, des irrassasiables thésaurisations", vient noyer les "phosphènes", littéralement les "fantômes de la lumière", les feux chimériques, les feux menteurs, les faux foyers de nos surabondances urbaines ; nous voyons le tableau de nos immeubles, de nos "édifices" gigantesques reflétant dans leurs vitres innombrables les flammes de l'été/satiété ; alors l'eau, qui d'abord noie la "focale", le mot latin focus étant l'étymon et de "foyer" et de "feu", l'eau ensuite baigne, "retrempe" les outrances, pour les laver et restituer la limpidité éthéréenne, délivrée des "silhouettes d'étroitesse"...)



Suc des satiétés



À travers
les coffrets les écrins
auront suinté
les eaux des pierres

les ramées de l'écart
en leur cavale limpide
nagent

les renvois des surfaces
rayonnent pallides
décelés tressant la charge nulle

elles retrempent
en noyant la focale de leurs phosphènes
les édilités de verre qui se coalisent
désormais impropices
aux silhouettes recrues de dimensions

elles obliquent
aux fins d'épiphanier la source
qui sertit des absences
dans le joaillier

où toujours rebrousser
l'éphébique fatalité de nourrir en fleuve



Loup-de-lune
LIU Bizheng