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Aux temps des dieux
Poème de RENÉ GHIL












Tout moderne, et voyant de nos modernes âmes,
Des soirs vieux, malgré lui, hors du Vrai, sans paphos
Où des déesses, il s'exile ! et, dans les gammes
Des azurs et des ors, et le nu des paros,
Mensonge et dieux il pleure, et Vous, ô pâles Ames !
Vagueuses Vierges, aux plis longs des longs peplos ! ....

...Alors, vieux de mille ans, haut azur sous l'azur,
Vieux rameaux et gaulis ! viviezvous grands et glauques,
Temples ! et, solennels et larges dans l'air pur,
Adorés de la Vierge, émoi de l'homme mûr,
Alors, viviezvous seuls, seuls aux zéphirs non rauques !

Lorsque montait vers vous la vierge aux Yeux d'avril,
Sous le lin vierge avait des peurs sa peau sans hâle :
Vous exhaliez, rameaux, un arôme viril,
Tiède : et l'Impolluée au sexe puéril
Avait de longs émois sous le long peplos pâle...

Alors, vous glissiezvous, déesses aux grands nus !
Glauques et pâles sous la glauqueur des ramées :
A nos heures, de Nous, nous les nouveauxvenus,
Vous avez peur, hélas ! et, vos seins ingénus,
Nul ne les verra plus, ô pâles inhumées !

Or, des déesses quand ainsi le rêve grand,
Voyaiton des Yeux d'or à des ardeurs soudaines
Darder dans les glauqueurs et prendre un long élan
D'animal suivi près : et le sauvage han
Ahanait, d'égipans noirs et noueux de veines !...

Alors, alliezvous, vierge au peplos onduleux !
Quand vous passiez auprès des verdures rigides,
Pleine d'émoi soudain : quand, magique et nerveux,
Un arome non mis aux pieds des grands Aïeux
Moire vos plis divins d'eaux molles et livides...

Ainsi vatil aux Temps des dieux et du Mensonge,
Montant aux Temples où haut s'azure à l'envi
D'horizons, la verdure ! et Vous, pour que s'allonge
Son long songe, sonnez en un rêve suivi,
Ô pipeaux ! un doux rire épars dans le Mensonge
De lèvre misurprise et de sein miravi !





Légendes d'âmes et de sangs






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