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Décourageux
Poème de TRISTAN CORBIERE












Ce fut un vrai poète : il n'avait pas de chant.
ort, il aimait le jour et dédaigna de geindre.
Peintre : il aimait son art Il oublia de peindre...
Il voyait trop Et voir est un aveuglement.

Songecreux : bien profond il resta dans son rêve ;
Sans lui donner la forme en baudruche qui crève,
Sans ouvrir le bonhomme, et se chercher dedans.

Pur héros de roman : il adorait la brune,
Sans voir s'elle était blonde... Il adorait la lune ;
ais il n'aima jamais Il n'avait pas le temps.

Chercheur infatigable : Icibas où l'on rame,
Il regardait ramer, du haut de sa grande âme,
Fatigué de pitié pour ceux qui ramaient bien...

ineur de la pensée : il touchait son front blême,
Pour gratter un bouton ou gratter le problème
Qui travaillait là Faire rien.

Il parlait : ' Oui, la Muse est stérile ! elle est fille
D'amour, d'oisiveté, de prostitution ;
Ne la déformez pas en ventre de famille
Que couvre un étalon pour la production !

' O vous tous qui gâchez, maçons de la pensée !
Vous tous que son caprice a touchés en amants,
Vanité, vanité La folle nuit passée,
Vous l'affichez en charge aux yeux ronds des manant !

' Elle vous effleurait, vous, comme chats qu'on noie,
Vous avez accroché son aile ou son réseau,
Fiers d'avoir dans vos mains un bout de plume d'oie,
Ou des poils à gratter, en façon de pinceau ! '

Il disait : ' O naïf Océan ! O fleurettes,
Ne sommesnous pas là, sans peintres, ni poètes !...
Quel vitrier a peint ! quel aveugle a chanté !...
Et quel vitrier chante en raclant sa palette,

' Ou quel aveugle a peint avec sa clarinette !
Estce l'art ?... '
Lui resta dans le Sublime Bête
Noyer son orgueil vide et sa virginité.





Les Amours jaunes






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