Sous le ciel gris lavé d'opale 
Et qu'un soleil aux rayons lents 
Poudre d'or vaporeux et pâle,
Elles vont it pas nonchalants ;
Roses de froid sous les voilettes 
Elles passent, laissant dans l'air 
Une senteur de violettes
Mourantes, et de blonde chair.
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Elles ne vont ni vers l'église 
Où, sur les mystiques autels, 
L'encens qui monte symbolise 
L'élan des esprits immortels ;
Ni vers les discrètes alcôves 
Où le mousseux déroulement 
Des rideaux jusqu'aux tapis fauves 
Ruisselle langoureusement.
Sur les promenades banales 
Elles vont montrer leurs velours 
Et les richesses hivernales 
Des manteaux orgueilleux et lourds.
Elles passent, frêles poupées 
Aux yeux cruellement sereins, 
Adorablement occupées 
A bien cambrer leurs souples reins,
A faire entrevoir leur chair d'ambre 
Et leurs cheveux d'or blond ou roux, 
Et, sur le verglas de Décembre, 
Leur robe a de royaux froufrous.
Mais le long dimanche, plus triste 
Que les plus monotones nuits, 
Dans leurs yeux de froide améthyste 
A mis la fièvre des ennuis.
*
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Ô Promeneuses des jours blêmes 
D'hiver et des dimanches longs, 
Nous, les chiffonneurs de poèmes, 
Mignonnes, nous vous ressemblons,
Et, sans Amour et sans Prières, 
Nous allons montrer, indolents, 
Notre manteau de Rimes fières 
Qui fait des froufrous insolents.
Mais un Ennui vague ensommeille 
Notre marche lente à travers 
Une vie égale, et pareille 
Aux dimanches gris des hivers.
 
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