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J'ai presque perdu la vue A suivre le jeune oiseau Qui, du sommet d'un roseau, S'est élancé vers la nue.
S'il ne doit plus revenir, Pourquoi m'en ressouvenir ?
Bouquet vivant d'étincelles, Il descendit du soleil Eblouissant mon réveil Au battement de ses ailes.
S'il ne doit plus revenir, Pourquoi m'en ressouvenir ?
Prompt comme un ramier sauvage, Après l'hymne du bonheur, Il s'envola de mon coeur, Tant il craignait l'esclavage !
S'il ne doit plus revenir, Pourquoi m'en ressouvenir ?
De tendresse et de mystère Dés qu'il eut rempli ces lieux, Il emporta vers les cieux Tout mon espoir de la terre !
S'il ne doit plus revenir, Pourquoi m'en ressouvenir ?
Son chant que ma voix prolonge Plane encore sur ma raison, Et dans ma triste maison Je n'entends chanter qu'un songe.
S'il ne doit plus revenir, Pourquoi m'en ressouvenir ?
Le jour ne peut redescendre Dans l'ombre où son vol a lui, Et pour monter jusqu'à lui Mes ailes ont trop de cendre.
S'il ne doit plus revenir, Pourquoi m'en ressouvenir ?
Comme l'air qui va si vite, Sois libre, ô mon jeune oiseau ! Mais que devient le roseau, Quand son doux chanteur le quitte !
S'il ne doit plus revenir, Pourquoi m'en ressouvenir ?
Poésies inédites
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