|
La plus délicate des roses Est, à coup sûr, la rosethé. Son bouton aux feuilles micloses De carmin à peine est teinté.
On dirait une rose blanche Qu'aurait fait rougir de pudeur, En la lutinant sur la branche, Un papillon trop plein d'ardeur.
Son tissu rose et diaphane De la chair a le velouté ; Auprès, tout incarnat se fane Ou prend de la vulgarité.
Comme un teint aristocratique Noircit les fronts bruns de soleil, De ses soeurs elle rend rustique Le coloris chaud et vermeil.
Mais, si votre main qui s'en joue, A quelque bal, pour son parfum, La rapproche de votre joue, Son frais éclat devient commun.
Il n'est pas de rose assez tendre Sur la palette du printemps, Madame, pour oser prétendre Lutter contre vos dixsept ans.
La peau vaut mieux que le pétale, Et le sang pur d'un noble coeur Qui sur la jeunesse s'étale, De tous les roses est vainqueur !
Emaux et camées
|
Voir tous les poèmes de THÉOPHILE GAUTIER
0 commentaire(s)