Aller au contenu

 

  (Consulter la liste complète des poèmes)

  (Voir tous les poètes)



- - - - -

Le goût du néant
Poème de CHARLES BAUDELAIRE












Morne esprit, autrefois amoureux de la lutte,
L'Espoir, dont l'éperon attisait ton ardeur,
Ne veut plus t'enfourcher ! Couchetoi sans pudeur,
Vieux cheval dont le pied à chaque obstacle butte.

Résignetoi, mon cœur ; dors ton sommeil de brute.

Esprit vaincu, fourbu ! Pour toi, vieux maraudeur,
L'amour n'a plus de goût, non plus que la dispute ;
Adieu donc, chants du cuivre et soupirs de la flûte !
Plaisirs, ne tentez plus un coeur sombre et boudeur !

Le Printemps adorable a perdu son odeur !

Et le Temps m'engloutit minute par minute,
Comme la neige immense un corps pris de roideur ;
Je contemple d'en haut le globe en sa rondeur
Et je n'y cherche plus l'abri d'une cahute.

Avalanche, veuxtu m'emporter dans ta chute ?





Les fleurs du mal






Voir tous les poèmes de CHARLES BAUDELAIRE






0 commentaire(s)