Le lierre noir et la rose églantine
Poème de STUART MERRILL
Le lierre noir et la rose églantine Défendent les portes du jardin Où le soir d'un printemps qui s'obstine Est tout d'azur et d'incarnadin.
Dehors s'éplorent les folles fontaines Qui virent mimort d'amour l'Enfant Venu par les routes incertaines Vers ce seuil du rêve triomphant,
N'ayant connu ni la magique épée Que ne rouille pas le sang des fleurs, Ni la parole de l'épopée Par laquelle s'enfuit l'heure en pleurs,
Il s'agenouilla, très las, dans la poudre De la route onverte à tous les pas Où les chars font le bruit de la foudre Et leurs sonnailles celui d'un glas.
Quelles flûtes se dirent, dans les roses, La victoire du soir sur celui Qui crut servir l'esprit et les choses Du lendemain et de l'aujourd'hui ?
O pâle Enfant désireux des corolles, Close longtemps est la porte d'or Que seules descellent les paroles De ceux qui veulent le vrai trésor.
Laissetoi donc dormir hors de l'enceinte Où chante le dernier rossignol ; Sache croire que l'attente est sainte, Et donne à tes seuls rêves leur vol.
Et peutêtre enfin les portes de flamme S'ouvrirontelles à ton appel Sous l'aube où les fleurs, ayant une âme, En feront sauter le triple scel.
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