Aller au contenu

 

  (Consulter la liste complète des poèmes)

  (Voir tous les poètes)



- - - - -

Les aveugles
Poème de CHARLES BAUDELAIRE












Contempleles, mon âme ; ils sont vraiment affreux !
Pareils aux mannequins, vaguement ridicules ;
Terribles, singuliers comme les somnambules,
Dardant on ne sait où leurs globes ténébreux.

Leurs yeux, d'où la divine étincelle est partie,
Comme s'ils regardaient au loin, restent levés
Au ciel ; on ne les voit jamais vers les pavés
Pencher rêveusement leur tête appesantie.

Ils traversent ainsi le noir illimité,
Ce frère du silence éternel. Ô cité !
Pendant qu'autour de nous tu chantes, ris et beugles,

Eprise du plaisir jusqu'à l'atrocité,
Vois, je me traîne aussi ! mais, plus qu'eux hébété,
Je dis : Que cherchentils au Ciel, tous ces aveugles ?





Les fleurs du mal






Voir tous les poèmes de CHARLES BAUDELAIRE






0 commentaire(s)