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L'incendie du bazar
Poème de PETRUS BOREL












J'habite la montagne et j'aime à la vallée.
LE VICOMTE D'ARLINCOURT.


Ô toi, dont j'avais fait l'emplette
Pour danse au bois neigenoisette !
L'astu toujours, ma Jeanneton,
Ton jupon blanc, ton blanc jupon ?

Pour quelque muscadin, matière à comédie,
Ne va pas m'oublier dans ce coquet bazar,
Où tu trône au comptoir. Colombine hardie !
Perçant l'horizon gris d'un oeil au vif regard,
Flamboyant vois mon coeur, d'amour vois l'incendie !
Et si tu l'as encore, écrismoi, Jeanneton,
Ton jupon blanc, ton blanc jupon.

Au feu ! au feu ! au feu ! la Vierge à perdre haleine
Court... le bazar rissole ! au feu ! au feu ! au feu !
N'estce pas Margoton, Cathin ou Madeleine ?...
Non, c'est la demoiselle au gendarme Mathieu.
Fleur d'un jour, du ciel noir à la lueur soudaine,
Fuis !... et si tu l'emporte, écrismoi, Jeanneton,
Ton jupon blanc, ton blanc jupon ?

Plus que feu, grand mangeur, crains l'ardeur déréglée
Du bourgeois camisard, du rustre porteur d'eau,
Du beau sapeurpompier, à coiffe ciselée,
Gare au rapt ! une fille est un léger fardeau.
À Blois, vers ton Titi, clerc à l'âme isolée,
Vole !... et si tu l'emporte, écrismoi, Jeanneton,
Ton jupon blanc, ton blanc jupon.

Ô toi, dont j'avais fait l'emplette
Pour danse au bois neigenoisette !
L'astu sauvé, ma jeanneton,
Ton jupon blanc, ton blanc jupon !





Rhapsodies






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