Reprise d'un cantique profane sur le thème de l'exil et de l'étranger
Poème de LORAND GASPAR
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Non pas en exil. Non pas étranger. Solidaire des hommes et des bêtes Solidaire des eaux, de la boue, de la roche et des champs des forêts et forêts de constellations. Graine de la grande tribu des sables et cailloux de toute cellule vivante, pétales de floraison dans le vent, solidaire de la joie et de la douleur. D’une patrie de pensée infinie de toute connaissance limitée clairières de notre pensée finie. Solidaire d’une commune ignorance de tous nos forages, explorations, recherches de notre désir infini de comprendre — de toute lumière et de promesse de lumière qu’elle témoigne d’elle-même ou de la nuit, de celle à certaines heures que respirent au désert de Judée les pierres — Solidaire d’une patrie de mouvement infini des limites de nos ici et maintenant innombrables Non, je ne suis pas en exil, chez moi dans le jaillissement dans la chute et dans l’usure dans le diamant et la pacotille chez moi dans la jubilation des eaux et des airs et comment parler du mouvement sans bornes sous les averses d’averses de photons les vitesses de tant de rayonnements dans la fraîcheur fragile du verger en fleur rencontré ce matin de février sans nombre dans l’éventail d’années et d’années de lumière — je suis le marcheur qui respire l’ouvert de tous ses poumons et dont le corps-cerveau compose des images, musiques et langues, je suis celui qui chante dans le chant hors métrique et hors vocabulaire les matins de toute vie et les soirs et les nuits de solitude peuplées de pensées qui s’envolent de leurs fenêtres de tout ce qui se déplie, telles les eaux que parcourt un battement d’aile dans la nuit de l’eau solidaire de celui qui dort, comme de celui qui écoute le poème au-dedans, au-dehors |
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