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Retombée
Poème de VICTOR SEGALEN












Je frappe les dalles. J'en éprouve la solidité. J'en écoute la sonorité.
Je me sens ferme et satisfait.

J'embrasse les colonnes. Je mesure leur jet, la portée, le nombre et
la plantation. je me sens clos et satisfait.

Me renversant, cou tendu, nuque douloureuse, je marche du regard
sur le parvis inverse et je sens mes épaules riches d'un lourd habit
cérémonieux, aux plis carrés, à la forte charpente.

Coulant du faîte, paisible horizon terrestre, aux bords du toit mûri
comme un manteau des moissons, voici les Angles, acérés, griffus
et cornus.

Ces quatre cornes, qui menacentelles dans le ciel ? Que découvrent
ces quatre doigts aux ongles longs ? Fontils signe qu'il y a làhaut
quelqu'un qui regarde ?

Ce sont les quatre coins de la Tente originale, noués aux quatre liens
qui les relèvent, et, livrant avenue, déploient l'ample hospitalité.

*

Liens invisibles que prolonge l'audelà des nues, où vontils se lier
euxmêmes ? A quels piliers du Ciel, à quels poteaux du monde, à
quelles hampes dix mille fois élevées ?

Cet espace, crevé par les pointes, pénétré des neuf firmaments, qui
l'entoure et le contient ? Plus loin que les confins il y a l'Extrême,
et puis le GrandVide, et puis quoi ?

*

Estce là l'inquiétude désignée par ces doigts courbés aux ongles
longs ? Mais voici, pas de répons, et pas de signes, et point de
hauts mystères, et pas même de liens, même invisibles.

Puisque sous chacun des chevrons volants, accusant sa corne,
résolvant sa cambrure, j'aperçois le grossier piquet terrestre qui
le soutient et qui l'explique.





Stèles






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