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Souvenir vague ou les parenthèses
Poème de EDMOND ROSTAND












Nous étions, ce soirlà, sous un chêne superbe
(Un chêne qui n'était peutêtre qu'un tilleul)
Et j'avais, pour me mettre à vos genoux dans l'herbe,
Laissé mon rockingchair se balancer tout seul.

Blonde comme on ne l'est que dans les magazines
Vous imprimiez au vôtre un rythme de canot ;
Un bouvreuil sifflotait dans les branches voisines
(Un bouvreuil qui n'était peutêtre qu'un linot).

D'un orchestre lointain arrivait un andante
(Andante qui n'était peutêtre qu'un flonflon)
Et le grand geste vert d'une branche pendante
Semblait, dans l'air du soir, jouer du violon.

Tout le ciel n'était plus qu'une large chamarre,
Et l'on voyait au loin, dans l'or clair d'un étang
(D'un étang qui n'était peutêtre qu'une mare)
Des reflets d'arbres bleus descendre en tremblotant.

Et tandis qu'un espoir ouvrait en moi des ailes
(Un espoir qui n'était peutêtre qu'un désir),
Votre balancement m'éventait de dentelles
Que mes doigts au passage essayaient de saisir.

Votre chapeau de paille agitait sa guirlande
Et votre col, d'un point de Gênes merveilleux
(De Gênes qui n'était peutêtre que d'Irlande),
Se soulevait parfois jusqu'à voiler vos yeux.

Noir comme un gros paté sur la marge d'un texte
Tomba sur votre robe un insecte, et la peur
(Une peur qui n'était peutêtre qu'un prétexte)
Vous serra contre moi. Cher insecte grimpeur !

L'ombre nous fit glisser aux chères confidences ;
Et dans votre grand oeil plus tendre et plus hagard
J'apercevais une âme aux profondes nuances
(Une âme qui n'était peutêtre qu'un regard).












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